Blog User JournAI

Faut-il investir dans un agent propriétaire ?

Rédigé par Bertrand | Oct 18, 2025 8:45:12 AM

Un agent propriétaire n’est pas toujours nécessaire… mais il devient rapidement stratégique.

Comprendre le contexte : les agents tiers deviennent la “porte d’entrée” 

Les grands modèles (ChatGPT, Perplexity, Google AI Mode, Amazon Rufus, etc.) sont déjà des agents d’achat généralistes.

Ils remplissent trois fonctions clés :

  1. Recherche et comparaison (prix, caractéristiques, avis, délais)
  2. Décision et paiement in-chat (via PayPal, Shopify, Google Pay)
  3. Suivi post-achat et réassort automatique

Dans ce schéma, le consommateur n’a plus besoin de visiter un site.
Le trafic, la notoriété et même la relation client deviennent médiés par l’agent tiers.

➡️ Autrement dit : si vous n’avez pas de présence optimisée dans ces agents, vous êtes invisible.

Mais inversement, si toute l’interaction client passe par eux, la marque perd :

  • ses données first-party,
  • sa voix (ton, univers, différenciation),
  • sa capacité à créer de la fidélité.

C’est là qu’entre en jeu l’agent propriétaire.

Pourquoi un agent propriétaire devient stratégique

1. Préserver la relation directe avec le client

L’agent propriétaire agit comme un “hub conversationnel de marque” : il conserve le contact direct, les préférences, les historiques et le ton de voix.

Sans lui, la marque devient un simple “fournisseur de stock” des agents tiers — interchangeable et compressée sur ses marges.

Exemple :
L’Oréal déploie un “Beauty Coach IA” intégré à son écosystème. Cet agent connaît la peau du client, ses routines, ses allergies et ses achats précédents.
Face à ChatGPT ou Perplexity, il offre une personnalisation profonde et sécurisée que les agents tiers ne peuvent pas égaler.

2. Récupérer la donnée first partie

Dans un monde où les agents externes filtrent l’accès aux clients, vos propres données comportementales deviennent vitales : préférences, historiques d’achat, feedback SAV.

Un agent propriétaire permet de collecter ces signaux en consentement explicite, pour alimenter CRM, recommandation et R&D.

3. Offrir une expérience de marque complète

Les agents tiers répondent à des requêtes génériques (“meilleure perceuse sans fil”) — ils optimisent utilité, pas émotion.

Un agent propriétaire peut, lui :

  • incarner le ton et les valeurs de la marque,
  • orchestrer storytelling, service, et expérience,
  • contextualiser (“Votre modèle précédent a cinq ans, voici la nouvelle version compatible”).

➡️ Il devient un canal expérientiel différenciant, pas seulement transactionnel.

4. Contrôler la véracité et la conformité des réponses

Les agents tiers hallucinent encore.
Un agent propriétaire garantit la fiabilité de l’information sur les prix, délais, conditions, ou engagements environnementaux.

Il peut aussi être certifié responsable (RAI) : traçabilité des sources, non-discrimination, respect RGPD.

5. Préparer les futurs usages proactifs

Le commerce agentique va vite migrer vers des agents proactifs :

  • réassort automatique,
  • entretien programmé,
  • prévision de besoin (“il vous reste 2 filtres à eau, voulez-vous recommander ?”).

Ces logiques supposent une mémoire client sécurisée et maîtrisée — ce qu’un agent propriétaire permet, alors qu’un agent tiers restera limité par des politiques de confidentialité externes.

Les limites et points de vigilance

1. Coût et complexité

Créer un agent propriétaire, ce n’est pas “brancher un chatbot” :

  • Il faut des API propres, temps réel, sécurisées,
  • Des données produit impeccables,
  • Des règles d’orchestration et de garde-fous,
  • Une surveillance continue des interactions.

C’est un chantier de gouvernance et d’infrastructure, pas un gadget marketing.

2. Adoption par le consommateur

L’enjeu n’est pas seulement de créer un agent, mais de donner envie de l’utiliser.
Or, l’utilisateur moyen risque de préférer la simplicité d’un agent global comme ChatGPT à la multiplication d’agents de marques.

➡️ D’où l’importance de positionner l’agent propriétaire sur des usages spécifiques :

  • conseil personnalisé,
  • maintenance produit,
  • fidélisation,
  • SAV proactif.

3. Interopérabilité

L’agent propriétaire ne doit pas être un silo fermé.

Il doit communiquer avec les agents tiers via API, afin d’être invocable (“Hey ChatGPT, demande à l’agent Leroy Merlin la compatibilité de cette pièce”).

Vers un modèle hybride : cohabitation entre agents tiers et propriétaires

L’avenir sera hybride, pas exclusif.

Type d’agent

Rôle

Contrôle marque

Valeur ajoutée

Agents tiers (Perplexity, ChatGPT, Google)

Découverte, comparaison, transaction générique

Faible

Audience massive, accès omnicanal

Agent propriétaire

Fidélisation, service, personnalisation, engagement

Fort

Relation durable, données, différenciation

La clé est de coopérer sans se soumettre :

  • Être optimisé et présent dans les agents tiers (visibilité, flux produits).
  • Déployer son propre agent sur les points de contact à haute valeur (site, app, SAV, CRM).
  • Faire circuler les données de manière fluide et gouvernée.

Synthèse : faut-il un agent propriétaire ?

Situation de l’entreprise

Nécessité d’un agent propriétaire

Recommandation stratégique

Pure player low-cost, faible différenciation produit

⚪ Faible à court terme

Prioriser la visibilité dans les agents tiers

Marque à forte identité, expérience client premium

🔵 Élevée

Créer un agent de marque différenciateur

Retailer omnicanal avec SAV et logistique dense

🔵 Élevée

Déployer un agent intégré à l’expérience post-achat

Marketplace généraliste

🟠 Moyenne

Tester un agent curator, centré sur la recommandation

Producteur industriel / B2B

🔵 Élevée

Agent expert produit, support technique, maintenance

En conclusion : dans le paradigme agentique, ne pas avoir d’agent propriétaire, c’est comme avoir laissé Amazon vendre vos produits sans jamais parler à vos clients.

L’agent propriétaire n’est pas une obligation technique, mais un levier stratégique de survie à moyen terme 

  • Il redonne la voix à la marque,
  • Il recrée la confiance directe,
  • Et il prépare le commerce proactif où les IA achètent avant même la demande explicite.